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La descente de Sloane Murphy - Prologue
Avec accord de la maison d'édition, nous nous proposons de découvrir le prologue de la série d'Urban Fantasy de l'auteure Sloane Murphy.
ADDIE
Je marche avec les autres, une main au creux de celle de Livvy, mon sac à dos sur les épaules. Nous venons de descendre de la navette pour l’Académie. C’est tellement grand, mais je sais que je vais adorer la vie ici. C’est tellement vert, pas comme la Nurserie. Je n’ai jamais connu que la Nurserie et je suis impatiente d’enfin la quitter – même si j’espère pouvoir encore partager une chambre avec Livvy, c’est ma meilleure amie. Il n’y a pas grand monde dans ma vie, mais elle a toujours été ma meilleure amie et le sera toujours.
— Addie, tu ne trouves pas cet endroit magnifique, On dirait un château de princesse ! Nous pourrions fêter tes huit ans dans la forêt ! Ce serait comme dans ce livre que M. Montgomery nous a lu l’année dernière, Le Jardin Secret ! pipe Livvy.
— C’est vrai ! Je me souviens que Miss Evie nous parlait d’endroits du Vieux Monde comme celui-ci, mais je n’aurais jamais pensé que nous aurions la chance de vivre un jour dedans !
Miss Evie nous avait tout appris sur le Vieux Monde et la manière dont les humains géraient tout avant L’Épidémie. Après ça, il n’était resté que les personnes immunisées et le Vieux Monde s’était lentement écroulé. C’est là que la Guerre des Ténèbres avait eu lieu.
Après une bataille sanglante, les Faes avaient remporté la victoire et c’étaient elles qui contrôlaient tout. Le Roi des Démons avait été exilé aux confins du monde, son armée détruite par les Faes et les Vampyres. L’Histoire Alternative est l’une de mes matières préférées. Je pense que Miss Evie me manquera, elle était amusante.
On nous mène tous jusqu’à un hall avant de nous tendre un sac. Le mien et celui de Livvy sont noirs, mais il y en a aussi des rouges, bleus et blancs. Je vois des gens de ma Nurserie, mais nous ne sommes pas les seuls à être arrivés avec la navette. J’ai entendu Maitresse Ella parler, avant le départ de notre navette, du nombre d’enfants humains comme moi, venant de cinq nurseries différentes, qui allaient rejoindre l’Académie. Comme quoi nous allions « prendre le pas sur les espèces encore une fois ». Je ne sais pas ce qu’elle voulait dire, mais cela n’avait pas eu l’air de lui faire plaisir, c’est le moins qu’on puisse dire !
La Directrice s’avance sur l’estrade devant le hall. C’est une Fae. Les Directeurs le sont toujours. Même si je ne l’avais pas appris plus tôt, j’aurais pu le deviner. Ses longs cheveux bruns étincellent sous la lumière et ses yeux violets brillent si fort qu’ils semblent luire comme des lucioles. Une Fae, sans le moindre doute.
Derrière elle, assis à une longue table, se trouvent les Chefs des huit maisons vampiriques. On les appelle simplement « les Huit » et ils sont responsables de la protection de notre monde. Je suis un peu nerveuse de tous les voir ici. Il n’y a que deux maisons qui veillent sur notre coin du monde, les autres ont donc dû faire un long voyage pour être ici aujourd’hui. Je ne pensais pas que ce serait si important. Le rôle principal des Huit est de protéger les quatre familles royales féeriques. C’est la famille Valoire qui nous dirige ici, les Maisons Bane et DeLauter sont les deux maisons vampiriques qui les protègent et veillent sur nous. L’une des Gardiennes met le pied sur le podium devant la salle et se racle la gorge pour nous faire taire.
— Bienvenue, jeunes gens, dans votre nouvelle demeure. Bienvenue. Cet endroit ne ressemblera pas à votre précédent foyer. Il n’y sera pas question de rires et de jeux. C’est ici que vous apprendrez et ici que vous serez évalués pour les dix prochaines années. Ici que nous vous préparerons au monde réel. Vous apprendrez l’histoire, pas seulement de votre espèce, mais aussi celle des Faes et des Vampyres et oui, également celle des Démons – et de la terrible guerre qui façonna le Nouveau Monde. Vous apprendrez tout ce qu’il faut savoir, y compris comment vous défendre vous et ceux qui vous entourent. Aucune paresse ne sera tolérée, tous ceux qui ne travailleront pas seront punis. Vous pouvez remarquer que vous portez tous différentes couleurs – ce sont les couleurs de votre maison. Ne décevez pas vos maisons, ce sont maintenant vos frères et sœurs.
» Maintenant, suivez vos responsables de maisons, ils vous mèneront jusqu’à vos dortoirs. Prenez la journée pour défaire vos valises et vous connaître. Vos emplois du temps seront sur vos oreillers. Demain, une nouvelle page de votre vie commencera.
Des conversations animées éclatent dans le hall et Livvy me tire la main d’excitation. Tout le monde se met en mouvement. Puis l’un des Huit s’avance. Je ne peux m’empêcher de le fixer, il est si différent des autres Vampyres que j’ai croisés. Il a des cheveux plutôt longs, mais pas assez pour toucher ses épaules ; bruns, qui tombent devant ses yeux. Ce sont les yeux les plus bleus que j’aie vus de toute ma vie. Son regard froid et pénétrant est inquiétant. J’espère sincèrement ne jamais avoir à lui parler.
Sa voix emplit tout à coup la salle et elle est aussi froide que ses yeux.
— Les enfants, mon nom est Xander Bane, je suis à la tête de la Maison Bane. Ces dix prochaines années pourraient bien être les plus importantes de votre vie alors, ne les gâchez pas.
Il semble prononcer ses mots différemment de tout le monde, comme l’un des Gardiens de la Nurserie qui disait venir d’Angleterre.
— Prenez le temps de vous améliorer, d’apprendre notre histoire et comment ne pas reproduire les erreurs de ceux qui vous ont précédés. Les décisions que vous prendrez ici auront des répercussions sur le reste de votre vie. Vos évaluations détermineront ce que vous ferez du temps qui vous est imparti sur cette terre. En tant qu’humain, ce temps est bien plus court que pour nous, ce qui le rend d’autant plus spécial. Essayez autant que possible de faire la différence.
Sa voix résonne dans le hall. Nous nous tenons si silencieux qu’on aurait pu entendre une aiguille tomber après ses mots.
— Souvenez-vous de ce jour. Cela pourrait être celui qui fait la différence. Vous pouvez y aller.
Il recule et le hall s’anime tout à coup quand tout le monde se dirige vers sa maison respective. Je suis dans la Maison Noire avec Livvy, merci, mon dieu ! Je ne sais pas ce que je ferais sans Livvy. C’est ma Livvy !
Une fois arrivés à la salle commune, on nous divise en quatre groupes et nous sommes entraînés dans différents couloirs par la responsable de la Maison Noire. Elle s’appelle Gardienne Kaylee et semble plutôt gentille. Livvy se cramponne à mon bras. Je pense qu’elle a aussi peur que moi qu’on nous sépare. Je ne pense même pas être capable de m’endormir si elle ne se trouve pas dans la même chambre que moi. Ce serait juste… bizarre.
— Ce seront vos dortoirs toute la durée de votre séjour à l’Académie, dit Gardienne Kaylee. Ces chambres et cette salle commune seront votre foyer. Respectez-les. À part ça, vous pouvez les décorer comme bon vous semble. Vous partagerez les chambres, deux par chambre. Vos noms sont sur les portes. Je vous laisse déballer vos affaires et faire connaissance. Vous ne serez peut-être pas placés avec quelqu’un que vous connaissez, profitez-en donc pour apprendre à vous connaître. Demain, le travail commence, conclut-elle avant de nous laisser trouver nos chambres.
Livvy s’agrippe à ma main alors que nous errons dans le couloir, à la recherche de nos noms. Nous arrivons devant les trois dernières portes, l’une d’entre elles mène à la salle de bains commune, deux autres à des chambres. Nous crions de joie en même temps – nous sommes ensemble ! Oui ! Ouvrant rapidement la porte, nous entrons. C’est tellement grand ! La grande fenêtre donne sur la forêt derrière l’Académie et je sais déjà que je passerai des heures à la contempler depuis l’adorable banquette installée devant. Il n’y a pas beaucoup de meubles, juste un lit, qui est heureusement plus grand que celui de la Nurserie, et un bureau flanqué d’une chaise, bien qu’il y ait une télévision. Nous avons notre propre télévision ! J’adore l’Académie.
Livvy s’approche de la banquette couverte de coussins et s’enfonce dans l’alcôve en demandant :
— Je peux avoir le lit de gauche, Addie ? Comme avant ?
Ses grands yeux verts me fixent et je ne peux rien lui refuser. J’ai toujours eu l’impression d’avoir à veiller sur elle. Elle est si petite – encore plus petite que moi.
— Bien sûr, Livvy. Tu peux avoir tout ce que tu veux.
Elle jette un coup d’œil par la fenêtre et je sens littéralement sa bonne humeur retomber.
— Pas tout, dit-elle.
Ses yeux pleurent et je la prends dans mes bras. Je sais que la journée a fait remonter en elle le souvenir de ses parents. Ils sont morts l’année dernière, la laissant sans personne d’autre que moi. J’étais triste à leurs morts : ils étaient comme des parents pour moi. Ils m’avaient donné l’impression d’être choyée et puisque mes propres parents ne m’avaient pas assez aimée pour me garder, c’était agréable. Mais j’ai appris très tôt que les gens partent toujours. Le jour de la mort des parents de Livvy, je me suis jurée de ne pas l’abandonner, de toujours la protéger contre les gens cruels de ce monde.
— Au moins, nous serons toujours là l’une pour l’autre. Tu es ma sœur et ma meilleure amie.
— Promis, Addie ?
— Je le jure, Livvy. Je veillerai toujours sur toi.
Un coup à la porte annonce l’arrivée de deux garçons dégingandés. Ils se tiennent, mal à l’aise, dans l’embrasure quand j’ouvre brusquement. L’un est plus grand que l’autre. Il est surmonté de cheveux d’un blond cendré et à l’air de préparer un coup. Le plus petit a les cheveux châtains et les yeux d’un vert sombre, qui pétillent dans la faible lumière.
— Salut, dit le plus grand. Moi, c’est Tyler et lui, c’est, Logan. Nous avons la chambre en face du hall et nous avons décidé que nous devrions tous être amis. Après tout, il faut bien veiller sur les filles, lance-t-il, apparemment fier de lui.
Logan aurait certainement préféré se trouver n’importe où ailleurs dans le monde.
— Oh, vraiment ? le réprimandé-je. Parce que je crois que les filles peuvent très bien se débrouiller toutes seules, merci bien. Peut-être que nous ne voulons pas être vos amies.
Je croise les bras et lui tire la langue.
— Addie ! Ne sois pas aussi impolie ! Je suis désolée, Tyler, Logan.
Livvy me regarde comme si je venais de lui voler le dernier cookie de la maison. Crétins.
— Argh, d’accord. Entrez. Je suppose que nous pouvons être amis, dis-je, boudeuse. Moi, c’est Adelaide et elle, c’est Olivia, mais vous pouvez m’appeler Addie et elle, Livvy. Si on lui fait du mal, je mords.
Je les fixe pour qu’ils comprennent que je suis sérieuse. Je n’ai pas peur d’eux – je n’ai peur de personne.
Logan laisse tout à coup échapper un compliment.
— Tu as vraiment de jolis yeux. Je n’en ai jamais vu comme ça !
Je ne comprends pas où il veut en venir.
— Et ? dis-je.
— Rien.
Il rougit si fort que je sens presque la chaleur qui émane de lui.
— Désolé d’avoir dit ça, bredouille-t-il.
Tyler rit et se jette sur le canapé abîmé que j’avais à peine remarqué, coincé dans un coin sombre. Logan reste debout dans l’embrasure de la porte, visiblement mal à l’aise, jusqu’à ce que Livvy le fasse entrer et l’assoit sur le sofa à son tour. Mince, ces garçons vont vite devenir casse-pieds. Ne voulant pas m’installer trop confortablement, je m’assois par terre et leur demande de nous parler de leur Nurserie. Tyler nous raconte qu’il veut faire partie de La Garde Rouge quand il sera plus grand, comme son père, et qu’il veut pouvoir nous protéger des Démons et des Ombres. Je pense que j’aimerais bien faire partie de La Garde Rouge moi aussi. Comme ça, je pourrais tenir ma promesse envers Livvy et toujours la protéger. Les Démons et les mauvais Vampyres me font peur, mais c’est le rôle de l’Académie de nous apprendre à les combattre.
— Moi aussi, je veux faire partie de La Garde Rouge quand je serai grande ! annoncé-je.
Livvy semble horrifiée, tout comme Tyler.
— Mais tu es une fille ! dit-il.
Ma déclaration rend Livvy nerveuse.
— Addie, cela semble vraiment dangereux. Tu devrais peut-être plutôt devenir professeure, c’est ce que je veux faire, comme ma maman.
— Nan, j’ai décidé. Je veux entrer dans La Garde Rouge. Tu vas voir. Je te montrerai que je peux le faire ! crié-je presque.
Je déteste qu’on me dise que je ne peux pas faire quelque chose, cela me donne juste plus envie de le faire. Je leur prouverai qu’ils ont tort. Cet idiot de Tyler. Ce n’est pas parce que je suis une fille que je ne peux pas faire partie de La Garde. Je veux dire, oui, d’accord, il n’y a aucune fille pour l’instant, mais ça ne veut pas dire que je ne peux pas changer les règles.
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Tags : Extrait, Sloane Murphy, Les chroniques immortelles, Prologue, Urban Fantasy
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