• Damoclès - Fatou NDong

     Damoclès 

        

    Fatou NDONG

    Éditions Valentina

    315 Pages

     

     Damoclès - Fatou NDong

     

     

    Résumé :

    Madelyn Johnson est une jeune afro américaine de dix-sept ans. Elle grandit à Jackson, dans le Mississippi, l’un des États le plus ségrégationnistes d’Amérique. Tout va basculer lorsqu’elle se verra confier par sa mère, employée en tant que bonne au sein de la famille la plus riche de Jackson, la lourde tâche de donner des cours particuliers à leur fils. Une mission à garder secrète quoi qu’il en coûte. Les Johnson devront non seulement faire face à la vie quotidienne dans le ghetto noir, mais aussi à l’absence d’un père qui a dû fuir le Ku Klux Klan il y a plusieurs années. Car dans le Mississippi, la peine de mort est la seule sentence pour les noirs coupables de quelque préjudice qu’il soit…

     

     

    L’avis de Manue :

      

    Une fois n’est pas coutume, j’ai envie de vous parler d’une parution à venir ? Pourquoi ? Eh bien parce que j’ai eu l’honneur et surtout l’immense plaisir de pouvoir lire le manuscrit de Fatou NDONG en tant que bêta lectrice, ma première expérience du genre et une expérience réussie. J’ai été happée par le récit, touchée, émue, transportée et bouleversée. Oui tout ça à la fois !  C’est un roman émouvant, d’une justesse terrible qui nous frappe de plein fouet. On n’en ressort pas indemne et c’est aussi ça le tour de force de l’auteur, faire passer des messages, nous donner un petit bout d’histoire, porter un regard neutre et juste sur ce qu’a été l’Amérique a un temps donné de l’histoire et faire réfléchir les lecteurs que nous sommes et pas seulement le citoyen qui sommeille en nous aussi en ressort grandi !

    Le titre m’a intriguée au début et j’en ai bien vite compris la signification. L'épée de Damoclès, est une expression qui qualifie le danger constant qui nous guette, tapie dans l'ombre, prêt à frapper à tout moment, surtout quand on s'y attend le moins ! Le danger, c'est bien le point d'orgue de ce roman, ce qui en fait sa force ! Dans l'Amérique des années 60, le danger est constant pour les gens de couleurs. Blancs et noirs s'évitent, tentent de vivre dans la plus totale indifférence, mais certains commencent à hausser la voix face aux sévices que les blancs font endurer aux noirs. D'un côté le Klu Klux Klan, de l'autre des fervents défenseurs des droits de la communauté noire : Medgar Evers, Malcom X et Martin Luther King. Le combat pour l'égalité vient de s'amorcer sans que personne n'en mesure encore les enjeux pour toute une nation.

    Fatou NDONG réussit l'exploit de nous plonger dans l'Amérique des années 60, celle qui prospère après être ressortie victorieuse de la Seconde Guerre mondiale. Oui, mais voilà tous n'accèdent pas aux mêmes droits. La ségrégation raciale sévit et la communauté noire importante de Jackson en fait les frais. Il y a ceux qui pensent que la couleur de peau différencie les hommes, et ceux qui se taisent parce qu'ils ont peur de la folie de leur congénère. Ceux-là qui tuent des noirs après un simple regard, qui se livrent au lynchage des gens de couleur et qui ne craignent pas la justice de leur pays parce qu'aucun juge n'a encore prononcé la culpabilité d'un blanc. Il y a ceux qui se battent pour leur conviction et ceux qui baissent les bras ! Il y a ceux qui utilisent la violence et ceux qui ont compris qu'elle ne ferait que desservir leur dessein !

    C'est dans ce climat oppressant que vivent les noirs d'Amérique malgré l'abolition de l'esclavage des années auparavant. Ils souffrent encore du mépris des blancs, ceux-là qui se pensent tout puissants simplement à cause de la couleur de leur peau. Tout est bon pour rabaisser ceux que certains nomment avec dédain « les nègres » : humiliation publique, calomnie, injures, violence et discrimination.

    Tout commence par une naissance et lorsqu'à cette naissance s'ajoute l'égoïsme et la rancœur des hommes, c'est plusieurs destins qui s'en trouvent modifié. Madelyn et Sébastian vont en faire les frais. Leur amitié pourtant n'a cessé de grandir au fil des années Et s'il y avait plus ? Aucun des deux ne se pose la question parce que les lois Jim Crow l'interdisent. Mais l'amour lui n'obéit à aucune loi, il n'a pas de couleur, pas de règles. Et s'ils choisissaient d'enfreindre les lois ?

    Fatou Ndong parvient d'une main de maître à nous offrir une vision troublante de l'Amérique ségrégationniste. Elle nous offre une panoplie de personnages tous plus réalistes les uns que les autres, d'horizon divers, mais dont le destin est lié les uns aux autres, et sous le fond d'une histoire de sombre vengeance, nous délivre une belle leçon de tolérance et d'amour des autres ! La couleur de peau ne différencie pas les hommes. Qu'on soit noir, blanc, métis notre constitution est identique, notre intelligence est comparable, notre humanité est la même.

    « Damoclès » est un tour de force qui livre en pâture l'Amérique des biens pensants, ceux qui imposent leurs idées aux autres sans tomber pour autant dans le pathétique, la rage, la rancœur, ou la dénonciation. Le but ici n'est pas de désigner des coupables, de stigmatiser encore. Non, il est tout autre. C'est un voyage, une immersion dans la réalité de ce que des millions d'opprimés ont vécu. Fatou Ndong donne libre cours à ses personnages et laisse le lecteur se faire sa propre opinion. Elle accroche le lecteur, le surprend, l'émeut et au final le tient en haleine du début à la fin. C'est bouleversant, émouvant, poignant de sincérité. Je n'ai pas aimé, le mot est plus fort que ça ! Il n'existe pas de mot pour qualifier le tumulte émotionnel qui m'a assailli au sortir de cette lecture. Une belle leçon de vie, d'amour et de courage !

    Ce roman m'a donné une leçon, celle que quoi qu'il arrive, quoi qu'il se passe, il ne faut jamais baisser les bras, aller jusqu'au bout de ses convictions personnelles, quoi qu'il nous en coûte ! Martin Luther King avait des rêves dont celui de l'égalité entre hommes quelle que soit leur couleur de peau et j'ose espérer que s'il était encore en vie aujourd'hui, il serait fier du combat qui a été mené. Le monde est loin d'être rose et à l'heure où des mouvements radicaux d'extrême droite montent en Europe, il est plus qu'urgent de rappeler que la prospérité d'un pays ne se construit pas dans la haine de l'autre.

    Ce roman sonne comme une résurgence dans l'actualité qu'il est la nôtre, il trouve une résonance désarmante. La haine de l'autre ne sera jamais une solution à nos problèmes que ce soit une question de couleur, d'orientation sexuelle, de religion, de sexe... Rien ne justifie qu'on manque de respect à autrui, qu'on le malmène, qu'on le traite plus bas que terre.

    Après cette lecture, on ne peut plus en douter une seule seconde.

    Alors les manias, vous l’aurez compris, c’est un roman a possédé, un livre que tout le monde devrait lire sans plus tarder tellement il est beau de vérité. Pour preuve, je n’ai pas usé de ma petite pointe d’humour parce qu’ici le sujet ne prête pas à rire. La fin du roman m’a chamboulée, j’ai été surprise par les bouleversements étonnants qui se produisent. Le roman est construit celons plusieurs points de vue des personnages et c’est une originalité plus que bienvenue, car chacun saura se reconnaître dans cette histoire, trouvera le personnage qui lui fera écho. Je n’ai pas trouvé une fausse note, c’est vous dire si j’ai aimé. Foncez !

    Et à demain pour ma chronique de la semaine !

    Xoxo. 

     

     

     


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