• Chronique des secondes heures de Tanglemhor, tome 3: La pyramide du lac perdu

    Auteur : Azaël Jhelil

    Format numérique

    449 pages

    Sorti le 14 juillet 2019

     

    Résumé : "Il reposait sur sa couche aux draps bleu nuit, depuis toute une éternité. Sans vraiment dormir. Sans vraiment mourir. Et ce jour enfin, quinze siècles enfuis, il attendait des invités."

    Poursuivie par la vindicte du semi-lacertys, la Conjuration de Tanglemhor a traversé les mers pour arriver en Australie. Guidés par la vision du vénérable Kannlis, les rebelles s’aventurent dans le Jardin de l’Hiver, à la recherche du repaire disparu du plus terrible sorcier de tous les temps. Au pays de la nuit éternelle, harcelés par un froid insupportable, les conjurés sont engagés dans une entreprise suicidaire. Sur leurs épaules reposent tous les espoirs des peuples du Levant…

     

    Avis de Chloé :

     

    Ayant déjà lu les 2 premiers tomes, je remercie l’auteur de m’avoir fait confiance pour la lecture de ce 3ème.

    On reprend donc l’histoire quasiment à l’instant même où on l’avait laissée à la fin du tome 2 : notre petit groupe de hérauts parti chercher en Australie un artéfact qui leur permettrait de neutraliser l’envahisseur/dictateur/monstre qui occupe leur continent.

    Du coup j’ai quand même dû relire les 2 premiers tomes pour tout me remettre bien en tête parce qu’avec l’univers étendu créé par l’auteur, je n’étais pas vraiment prête pour le 3ème tome ^^.

    Je disais donc, on retrouve nos personnages exactement là où on les avait laissés, à la fin d’un voyage plus qu’éprouvant vers l’Australie et au début d’une quête tout aussi éprouvante, voire même plus, au cœur de ce continent.

    Ce tome s’est révélé à la hauteur des 2 premiers à mon avis, la quête est digne des grandes sagas fantastiques que l’on connait tous, avec un voyage long et dur vers le repère secret d’un grand sorcier notamment. Mais aussi avec la question qui se pose de la réussite – ou non – de leur quête tout en restant soudés et surtout vivants malgré les dangers.

    C’est donc une quête qui nous fera passer par tous les états : espoir, désespoir, colère (certains personnages et leurs petits caractères peuvent vraiment être exaspérants, ce qui prouve n’empêche que l’auteur les a bien écrit), rire (je n’insisterai jamais assez : même s’il y a de l’humour dans l’écriture même il faut absolument lire les notes de bas de page qui sont parfois hilarantes !) ou encore attendrissement envers certains personnages.

    L’auteur a par ailleurs continué à tisser toute une histoire autour de ce nouveau continent que l’on découvre, ainsi que toute une mythologie qui lui est propre, montrant encore une fois le travail qu’il réalise dans ses livres.

    Si j’ai cependant une toute petite remarque à faire sur ce tome : les personnages m’ont semblé être un peu plus « manichéens » que dans les 2 premiers (notamment des personnages comme le Fléau de Feen qui, typiquement, balance entre le bien et le mal mais m’a semblé ici un peu trop sage à mon goût…).

    Bref je ne me suis pas ennuyée une seconde dans ce 3ème tome et j’ai plus que hâte de retrouver notre Conjuration de Tanglemhor dans le tome 4 !


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  • Avant que la communication ne coupe, je l’entends chanter par-dessus les gémissements de sa nouvelle victime.

    — Promenons-nous dans les bois, pendant que Petite Louve n’y est pas. Si elle y était, je la dévorerais. Promenons-nous...

    Avec souplesse, j’atterris sur le parking de l’hôpital. À une vitesse vertigineuse, je cours vers la forêt.

     

     


     

    Chapitre 1

     

    Brusquement, je me réveille.

    — Désirez-vous un rafraîchissement ? demande l’hôtesse avec un très bon accent français, remarquant mon front en sueur.

    D’un geste de la tête, je décline l’offre. Comment pourrais-je avaler quelque chose en sachant que, dans à peine trois heures, je referai ma vie seule.

    Sans base, sans véritable famille, sans ami.

    Depuis que je suis montée dans cette gigantesque prison de métal, je ne cesse de ressasser les derniers événements funestes de ma pitoyable vie.

     

     

    Sept jours auparavant.

     

    Dieu créa le monde en sept jours. En une demi-seconde, Il détruisit le mien.

    — Alexandra ! cria ma mère, tandis que je tentais vainement de boucler mes cheveux ébène. Luc est là !

    Lui, c’est un garçon comme un autre de mon lycée. Ni beau, ni laid. Juste un mec parmi tant d’autres. Intelligent, mais peu sportif. Nous étions ensemble depuis deux mois, mais depuis quelque temps, Luc paressait distant.

    — Alors, on se fait belle ? se moqua ma sœur jumelle, accoudée nonchalamment à la porte de ma chambre.

    Si par jumelle, vous vous représentez deux gouttes d’eau identiques, détrompez-vous : elle était la lumière, un rayon de soleil échoué sur cette planète. Déjà, la population qui la connaissait l’idolâtrait. Elle était d’une beauté envoûtante. Maligne et calculatrice. Intellectuelle et drôle. Extravertie et... Bref, vous l’aurez compris, Angélique possédait tout. Voilà pourquoi la moitié de mon école l’admirait. Chaque jour, sa cote de popularité ne cessait de s’accroître, tandis que j’étais invisible.

    Elle était blonde comme les blés et ses boucles descendaient en cascade le long de son dos. Ses yeux turquoise pétillaient et pouvaient pleurer avec une facilité déconcertante. Un rire, l’instant suivant, des larmes. Un de ses atouts majeurs : ses lèvres, qui pouvaient se transformer en une moue irrésistible. Une déesse comparée à moi. Je n’étais qu’une pâle imitation, inachevée, à la limite du raté. Alors que son corps bénéficiait de toutes les courbes propres à une jeune femme, je n’avais que des bourrelets... Comme j’aimais à les appeler ! Je cachais ces défauts sous des vêtements amples. Je n’étais pas énorme, simplement en voie de formation. Elle était féminine, je n’étais rien. Lorsque nous nous trouvions dans la même pièce, on ne remarquait qu’elle. Toutefois, je l’aimais malgré nos différences.

    J’ignorai sa pique et enfilai un gilet : sur la côte d’azur, l’air est frais. Je descendis les escaliers, embrassai ma mère machinalement, puis mon père assis dans le salon. Puis, je rejoignis Luc.

    Aurais-je dû leur dire que je les aimais avant de partir ? Une dernière fois... Le savaient-ils au moins ? Sans doute. Qui aurait cru que...

     

    J’ai grandi dans le sable et les vagues, le mistral et le chant des mouettes. La Méditerranée, une mer magnifique lorsqu’on y trouve les endroits reculés et surtout appropriés. Je respirai profondément cet air iodé. Il me berçait depuis mon enfance. Avec Luc, nous étions assis sur la digue. Mes jambes se balançaient au-dessus de l’eau, mes orteils effleuraient l’étendue bleutée.

    D’habitude, il me prenait la main, cette fois-ci, il était loin. Il se tordait les doigts, anxieux.

    — Alexandra, mon petit ami se râcla la gorge avant de bredouiller, il faut qu’on parle.

    Généralement lorsqu’on utilisait mon prénom en entier, les mauvaises nouvelles suivaient. Dans un sens, je m’en doutais. Il avait appris l’existence de ma sœur deux semaines auparavant. Ce jour-là, il enlaçait ma taille et me chuchotait des mots suaves. Angélique, avec sa bande de bimbos, nous avait aperçus et nous avait rejoints. Elle avait prétexté me donner mon en-cas de la matinée, comme si à dix-sept ans (presque dix-huit), je goûtais encore ! Luc, bouche bée, l’avait admirée, alors qu’elle s’était présentée. Dès cet instant, il m’avait éclipsée de son cœur. En principe, les gens ne s’intéressent à moi que pour l’approcher.

    Luc me ramena dans le présent à son annonce.

    — Nous devrions peut-être arrêter de sortir ensemble ?

    Bingo Alex ! Tu as encore un contact de moins sur ta liste déjà minime.

    — Non ? m’interrogea-t-il.

     Hmm...

    ― C’était génial, m’assura-t-il. Alex, t’es une fille en or. Une perle rare.

     Mais tu préfères les diamants, murmurai-je.

     Je crois que nous ne sommes pas... compatibles.

    Clair comme discours.

    — Oui, approuvai-je, tu as sûrement raison.

     On reste malgré tout ami.

    Attention dix secondes avant impact : dix, neuf... cinq...

    — Alex, tu penses que je pourrais inviter Angélique au cinéma, en toute amitié ?

    Ben voyons ! Un rapide celui-là ! Déjà, il s’accrochait à elle ! Elle le croquerait, le dégusterait, fière de sa pêche, puis le jetterait. Mentir à Luc ? Ce serait si facile... Non, tu n’es pas son type. À quoi bon... Il tomberait quand même dans ses filets mortels, parce que tout le monde la préfère.

    — Oui, elle sera enchantée, répondis-je, le cœur brisé. Il n’était pas le premier, il ne serait pas le dernier.

    Heureux, il bondit, me salua et partit. Seule, je regardais les reflets du coucher de soleil sur la mer. J’aimerais tant être un poisson ! Pas d’examen à la fin de l’année, ni de tristes et saugrenues pensées. Pas de sentiments, seulement des instincts primaires.

    Le temps pansera cette blessure.

    Tandis que je me relevais pour retourner à la maison et déguster un pot de glace, peut-être même deux, excellent remède contre le chagrin d’amour, le dernier tube de Rihanna chanta dans ma poche. Je sortis le téléphone, étonnée de recevoir un appel.
     

    Luc aurait-il déjà dragué Angélique ? Sûrement. Non... Le numéro ne lui appartenait pas...

    J’appuyai sur le bouton vert et écoutai. L’homme des urgences s’expliqua vite.

    — Je suis désolé, nous n’avons rien pu faire. Il était trop tard.

    Il me pria alors de rejoindre l’hôpital de la Ciotat, le plus rapidement possible.

    Une tonalité m’indiqua la fin de la conversation.

    Je fermai les yeux. J’espérais que ce ne soit qu’un cauchemar, dont je me réveillerais bientôt.

    Malheureusement non.

     

    Dans une salle d’attente, je regardais ma sœur, en larmes, dans les bras de ma tante... De notre tante, pourtant elle ne semblait consoler qu’Angélique. Un médecin, à l’air navré, nous rejoignit et nous raconta.

    — Un enfant à vélo pédalait devant la voiture de vos parents. Il a roulé sur un nid de poule et il est tombé. Pour l’éviter, votre père s’est déporté vers l’autre voie. Seulement, un camion arrivait dans l’autre sens. Le conducteur n’a pas pu freiner à temps et les a percutés. Je suis navré.

    Le cri déchirant d’Angélique secoua la pièce silencieuse. Ses sanglots redoublèrent alors qu’elle se serrait contre Tati.

    Peiné, l’homme me tendit une boîte.

    — Leurs effets personnels, précisa-t-il.

    Instantanément, ma sœur la saisit et garda les derniers trésors.

    Sous le choc, je ne dis rien. Un abîme se creusa dans mon cœur.

    Aucune question ne me vint à l’esprit.

    Plus jamais je ne reverrai le sourire de ma mère, ni n’entendrai la voix de mon père. Jamais. Un mot douloureux pour une adolescente.

    Le temps panserait-il cette blessure ? Jamais !

     

    Le deuxième jour, le téléphone ne cessa de sonner. Ma sœur et moi furent assaillies de messages de condoléances.

    Le troisième jour, je bravai les regards emplis de pitié de mes camarades. Le lycée m’aiderait peut-être à oublier. M’abrutir au travail me sortirait peut-être de cette spirale morbide.

    Le quatrième jour, Angélique se réfugia dans les bras chaleureux de Luc. Elle pleurait encore et encore. Toujours. Elle ne se cachait pas et aimait susciter la compassion auprès des autres élèves.

    Le cinquième jour, l’enterrement eut lieu. Le prêtre débita ses sermons, il tint des propos élogieux concernant les défunts. Le soleil brillait et mes cheveux de jais volaient librement dans le vent. Libres... Tandis qu’ils reposaient dans leur boîte en sapin... Éternellement prisonniers... Durant la cérémonie, ma sœur sanglotait. Les larmes roulaient sur son visage parfait. À force de pleurer, ses yeux auraient dû être bouffis et ses traits tirés, néanmoins, rien ne pouvait enlaidir sa beauté parfaite. Sa meilleure amie, Cyrielle, frottait vigoureusement son dos et lui susurrait des paroles réconfortantes. Elle aussi était belle, aussi belle qu’Angélique... Tandis que tout le monde l’entourait, personne n’était là pour moi. Déjà, la solitude me gagnait.

    Le sixième jour, j’appris qu’il était impossible que l’on puisse loger toutes les deux chez ma tante et mon oncle. L’appartement étant trop petit pour deux adolescentes, un choix s’imposait. Le dilemme était délicat, car ils nous aimaient autant, sans la moindre distinction. Comment choisir entre deux nièces que l’on a vues grandir, qui sont votre chair et votre sang ? Angélique ne pouvait quitter ses fans, ses habitudes, sa « tonne d’amies », ses « centaines de copains », ainsi que sa région natale. Elle ne le concevait pas et ne tolérait pas cette idée. Finalement, je me sacrifiai. Je savais que personne ne me regretterait longtemps. Dans un mois, je ne serai qu’un lointain souvenir... Au plus grand soulagement de ma moitié, je préparais ma valise. La seule famille qui pouvait m’héberger était une tante inconnue, résidant au Canada. Je connaissais vaguement son nom, mais généralement, on n’évoquait guère cette femme. Je repartais à zéro, dans un « Nouveau Monde », loin de tout. Je ne pris que le strict nécessaire, n’emportant que quelques objets précieux. Pour marquer ce départ, ce changement, je coupai mes longs cheveux d’ébène en un carré strict. Alex l’Heureuse disparut avec sa vie d’antan. Alexandra partait pour un pays à l’autre bout de l’univers, dans une contrée inconnue. Par amour pour ma sœur, j’abandonnais tout. Un mois après la rentrée des classes, alors que j’avais mon baccalauréat à la fin de l’année, j’étais contrainte de déménager et de recommencer ailleurs, de construire seule un avenir sans fondation, loin de ma France bien-aimée, de mes souvenirs, des vestiges de mon passé, de la tombe de mes parents.

    Le septième jour, à l’aéroport, je grimpai dans l’avion, résignée. Mon oncle travaillait, ma tante gardait les enfants du voisin. Angélique ? Je cherchai son visage dans la foule. Nada ! Elle ne vint pas pour nos adieux. Je partis, seule, pour affronter mon destin. Personne pour me regretter.

     

    L’engin fend le ciel, me plongeant dans une transe, une spirale infernale où les traits de mes parents subsistent. Rien ne les altère. Je les revois encore et encore. Avant leur accident, devant la télévision, à table... Partout. Mais ils ne sont plus, ils n’existent plus. Ils sont morts. Ils ont abandonné une fille de dix-sept ans, dans un monde sauvage, sans amour, sans foyer...

    Aucune larme depuis le discours du docteur, même pas aux obsèques. L’ai-je réalisé ? Oui. Voudrais-je en parler ? Non. La vie est si éphémère. Un jour on naît, une nuit on meurt. En un instant, tout bascule, vous êtes propulsé et forcé à grandir, à mûrir.

    Lorsque l’avion se pose, sur la piste d’atterrissage, je ne ressens rien. Je ne suis qu’une simple enveloppe corporelle, une coquille vide. Désormais, je suis prête à affronter cet avenir.


     

    Extrait : La déesse des loups Tome 1 : Morsure

    Disponible en numérique et

    en papier


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  •  

    Broken

    Auto-édition

    Parution le 9 janvier 2020

    262 pages

     

     

     

    Résumé : Je croyais ma vie parfaite, j’imaginais que rien ne pouvait m’atteindre... j’avais tort. 

     

    Je m’appelle Colyna Macklean. Je suis allongée sur un lit d’hôpital, dans un corps qui refuse de fonctionner. Je suis incapable de bouger, la douleur et l’ennui me collant à la peau, et cette envie furieuse de me laisser sombrer ! 

     

    Puis, il est entré dans ma vie. 

     

    Je suis Mozart Stanlo. Ma batterie me nargue, je ne pourrai plus jamais jouer, je vais devoir affronter le regard des curieux pour le restant de mes jours, mais pour elle, je suis prêt à tout, y compris à enfreindre les règles. 

     

     

      

    Avis de Mélissa : Premièrement, un énorme merci aux auteures pour leur confiance en choisissant Lecture-Mania dans les blogs qui ont eu le privilège de lire ce roman bien avant tout le monde.

     

    Maintenant, que dire ? Je ferme à peine ce roman et je suis toute chamboulée par tant d’émotions. On commence par l’insouciance, la trahison, l’horreur, le déni, l’acceptation… bifurquant doucement vers l’amour, puis dans une série de règlements de comptes et pour finir par la demande dont rêve toutes les femmes.

     

    Colyna est une jeune fille insouciante pour qui tout va bien. Elle a un petit ami, beaucoup d’amies et du succès à l’école. Lors d’une soirée, elle voit quelque chose qui la brise en mille morceaux et presque tout de suite après, elle subit un terrible accident dans lequel elle se retrouve lourdement handicapée. À son âge, il est difficile de devoir dire adieu à la vie dont on avait rêvé, de devoir s’adapter et accepter sa nouvelle condition. Comment faire ? Est-ce seulement possible et si oui, comment ? Elle navigue à travers différents sentiments et ressentiments, elle aimerait qu’on s’occupe d’elle tout en désirant ardemment qu’on la laisse tranquille. Colyna est une jeune fille extrêmement forte, dotée d’un courage exemplaire. Comme on dit, elle finit par foncer dans le tas et avancer dans la vie.

     

    Quant à Mozart, c’est un jeune musicien fort talentueux qui voit lui aussi ses rêves se briser en quelques minutes après l’accident. Bien qu’un peu moins amoché que Colyna, il doit passer par les différents stades d’acceptation de sa condition, de revoir ses objectifs de vie, etc. Et puis Colyna, même avant l’accident, ne l’avait jamais laissé indifférent. Maintenant qu’ils se croisent souvent au centre de réadaptation, une belle amitié se forge entre eux et ensemble, ils se sentiront plus forts pour affronter ce qu’il leur arrive.

     

    Mais rien n’est facile. On avance, on recule. On apprend des choses qu’on n’aurait pas voulu savoir. On doit accepter certaines réalités, savoir aussi pardonner pour avancer. La rancœur n’a jamais aidé personne et c’est quelque chose que nos héros vont finir par comprendre. Ce roman est une lutte contre l’adversité, d’espoir aussi que la vie est belle malgré tout et qu’elle doit être savourée à son maximum. On rit, on pleure, on se fâche. Souvent, j’aurais voulu secouer nos héros, les remettre sur la bonne voie tellement ils étaient parfois têtus !

     

    J’ai adoré ce roman écrit par un duo génial. 


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  • Little Monsters

    Kara Thomas

    Format papier

    443 pages

    Castelmore

     

     

    Résumé :

    « À un moment donné, toutes les petites filles grandissent et s’abîment.  »

    Kacey vient d’emménager à Broken Falls  avec son père, et c’est une nouvelle vie qui commence pour elle. Tout le monde ici est si gentil. Elle a même été accueillie à bras ouverts par de nouvelles amies, Bailey et Jade. Raison pour laquelle cela lui paraît si bizarre quand ces dernières commencent à se montrer distantes. Et lorsqu’elle n’est pas invitée à la plus grosse soirée de l’année, elle n’a pas vraiment l’impression qu’il s’agit d’un accident.

    Mais Kacey ne pourra jamais en demander la raison, car après la fête Bailey disparaît. Soudain, Broken Falls ne semble plus si accueillant. Surtout quand tout le monde devient méfiant envers elle, la nouvelle.

    Kacey est sur le point d’apprendre deux choses très importantes  : parfois, les apparences peuvent se révéler trompeuses. Et parfois, quand on est la nouvelle, il ne faut faire confiance à personne.

     

     

    Avis de Nikki :

    Que dire ? Une histoire comme je les adore. Pas de romance. Pas de conte de fée. Un récit qui m'a plongé des années en arrière lors de mes premières lectures. Quand les livres qui traînaient dans ma chambre étaient uniquement des sagas mêlant fantastique, enquête policières dans un contexte young adult.
    Une fin inattendue en tout cas pour une partie. J'ai apprécié de pouvoir plonger dans l'esprit de Bailey à travers son journal intime vu qu'elle est absente durant la plus grande partie du récit.
    Que lui est-il arrivait ? A-t-elle fugué pour tenter d'avoir une vie meilleure ailleurs? S'agit-il d'un enlèvement ou d'un meurtre? Qui en.serait capable dans cette ville où tout le monde fait confiance à ses voisins ?

    Plongez dans un thriller bien mené et suivez les différentes pistes jusqu'au dénouement final.


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  • Prologue


    Moscou, 2085
    Moreen et Clara

     

    Les lumières du cinéma se rallument et il me faut un moment pour revenir à la réalité. Un sentiment désagréable me hante depuis le début de la journée, mais impossible d’en déterminer la nature. Les conversations battent leur plein. Tous les regards sont tournés vers moi. Visiblement, le public a apprécié l’adaptation filmique de mon dernier roman malgré la faible popularité du genre fantastique. Désormais, le réalisme domine le marché du livre et j’avoue avoir du mal à m’y accoutumer. J’aime l’imaginaire, l’onirisme.
    Je sors du cinéma et signe des autographes. Les spectateurs m’applaudissent tandis qu’une foule de journalistes me presse de questions. Je m’apprête à prendre la parole quand… À l’époque où l’espace n’était que néant, quatre sphères volaient dans l’univers encore inexistant. Cette phrase s’impose subitement à moi. Elle m’est familière ; l’ai-je lu quelque part ? Je coupe court à l’échange et pénètre dans ma voiture, pressée de rentrer chez moi où mon mari et ma petite fille Carla m’attendent. Celle-ci me saute au cou et me confie avoir un devoir à faire sur la théorie des quatre éléments élaborée durant la Grèce Antique. Il faut reconnaître en passant qu’il est rare d’aborder un tel sujet à l’école primaire. Je la regarde, et brusquement, je suis assaillie par l’émotion. Je monte en trombe dans ma chambre.
    — Qu’a-t-elle ? s’étonne Carla en me voyant disparaître.
    — Une de ses idées folles, sans doute, répond mon époux qui est habitué à mes excentricités.
     
    Une fois à proximité du lit, je me replonge dans mes souvenirs.
    — C’était donc cela qui me taraudait ! La nostalgie, le manque.
    À ce moment-là, j’entends des voix en bas, entre autres celle de ma petite fille demandant :
    — Grand-mère parle toute seule maintenant ?
    — Eh bien, que veux-tu, Moreen reste fidèle à elle-même malgré l’âge ! Elle a souvent besoin d’exprimer ses sentiments à voix haute, explique mon mari avec légèreté.
    C’est là que l’idée de tout lui raconter émerge dans mon esprit. J’ai l’envie soudaine de partager mon expérience. Par les mots, je la ferai revivre. Même si je n’ai eu qu’un rôle très secondaire dans cette aventure, j’ai beaucoup de choses à en dire. Je redescends, prends Carla dans mes bras et lui résume mes dernières semaines. Elle a huit ans. C’est une enfant épanouie et elle me ressemble comme deux gouttes d’eau. Elle a toujours aimé que je lui parle de mes romans. Je lui demande si elle désire que je lui conte une histoire.
    — Quel genre d’histoire ? veut-elle savoir.
    — La plus extraordinaire qui m’est arrivée !
    J’attends qu’elle ait montré suffisamment d’enthousiasme pour finalement poursuivre :
    — J’accepte de te la narrer, mais seulement si tu promets de la garder pour toi, ce sera un secret entre toi et moi.
    Nous allons dans la chambre d’amis, une pièce chaleureuse aux murs violets tapissés d’affiches. Elle comporte un bureau et un lit recouvert de draps orange. Carla s’allonge puis regarde en l’air, impatiente d’entendre le début de mon récit. Je me place en face de ma petite fille et lui relate ce que j’ai conservé inédit jusqu’à aujourd’hui, car j’ai toujours su qu’aux yeux des adultes cela n’aurait aucune crédibilité.


     
    Chapitre 1

    Les souvenirs reviennent


    Mon histoire commence il y a bien longtemps, l’été de mes treize ans. À cette époque, mon esprit s’égarait souvent dans des contrées connues de moi seule. Je vivais autre part, dans mon univers. Un univers qui restait mon jardin secret ; je n’avais jamais souhaité le partager avec quiconque. Peut-être était-ce pour cette raison que j’avais un tempérament si maladroit, un défaut qui ne m’a d’ailleurs pas quitté. Mais passons, ce n’est pas là l’important.
    J’avais fini mes devoirs et mes parents et moi nous rendions chez un cousin éloigné nommé Arthur, que je ne connaissais pas. C’était un homme très agréable, selon ma mère. Mes parents devant partir en voyage d’affaires, il me garderait durant la semaine suivante. Je m’étais habillée à la hâte et j’agissais comme si la situation m’était indifférente. En réalité, j’étais un peu intimidée à l’idée de séjourner dans la demeure d’un étranger.
    — Moreen Rivenie, descends tout de suite ! Nous allons être en retard par ta faute ! s’impatientait mon père.
    — J’arrive, j’arrive, soupirai-je.
    Je dévalai les escaliers à toute vitesse et nous prîmes la voiture. Le trajet fut de courte durée, environ dix minutes. Nous arrivâmes devant une maison plutôt avenante avec des rideaux bleus, le numéro quatre gravé en caractère doré sur la façade. Arthur vint nous accueillir avec un large sourire et je dévisageai cet inconnu aux yeux émeraude avec intérêt.
    Ses cheveux argentés étincelaient à la lumière de cette fin d’après-midi. Il était alerte malgré son grand âge, ce qui me surprit. Je l’appréciai immédiatement. Arthur, quant à lui, me détailla, et je sentis qu’il se faisait un plaisir de me rencontrer.
     
    Il nous pria d’entrer et me dit :
    — Je suis très heureux de faire ta connaissance, on m’a beaucoup parlé de toi.
    En examinant le vestibule et les pièces qui suivirent, je m’aperçus que la demeure, plus imposante qu’elle ne paraissait au premier abord, s’étendait sur de longs couloirs. Les pièces spacieuses et habilement meublées annonçaient un hôte raffiné. Sur les murs apparaissaient toutes sortes de tableaux qui décoraient l’habitat. Nous fûmes rapidement imprégnés d’un sentiment de convivialité. Parmi les peintures, une seule attira tout particulièrement mon attention : il s’agissait d’une fée scintillante aux ailes multicolores.
    Le dîner fut servi et je me dirigeai vers la table. J’appris qu’Arthur n’avait pas eu d’enfants et qu’il avait divorcé, bien des années avant. J’étais perdue dans mes pensées quand ma mère dit :
    — Moreen a toujours voulu devenir écrivain.
    Arthur sourit et répondit :
    — C’est un beau métier, bien qu’il faille se montrer persévérant.
    — Elle est très têtue, assura-t-elle, peut être qu’un jour ça lui sera utile.
    Je m’apprêtai à protester quand je fis malencontreusement un mauvais geste et brisai un verre dont les morceaux se répandirent sur le sol.
    — Oh, je suis désolée ! m’exclamai-je confuse.
    — Ce n’est rien, assura notre hôte, je vais de ce pas chercher un balai.
    — Moreen peut s’en charger, objecta mon père.
    Le vieil homme m’indiqua alors où se trouvait le placard à balais. À peine eut-il fini de parler que la sonnerie du téléphone retentit. Il s’excusa et se dirigea vers le fond de la maison pour répondre. Moi, j’allai faire ce que l’on me demandait. J’ouvris la porte du local qui se referma d’elle-même. J’allumai et tendis le bras vers un balai quand un coffret tomba à mes pieds. Je m’agenouillai et le ramassai. La photographie qu’il contenait attira mon attention malgré moi. Elle représentait une très belle jeune fille d’environ dix-huit ans. Elle avait des cheveux d’un noir profond, des yeux bleus glace en amande dans lesquels n’importe quel homme se perdrait, cependant au premier regard on remarquait que ce n’était pas une fille facile à vivre.
    Son maintien prétentieux et ses airs supérieurs en attestaient. J’observai aussi que sa peau mate faisait ressortir ses yeux froids. Elle me déplut dès le premier instant où je m’attardai sur elle. Je songeai que c’était encore une de ces personnes qui ne pensait qu’à soigner son physique et qui n’allait pas plus loin que cela dans la réflexion.
    J’avoue aujourd’hui avoir porté un jugement un peu trop hâtif étant donné que je ne la connaissais pas.
    Pour quelles raisons Arthur gardait-il la photo de cette fille dans sa maison ? Était-elle de sa famille ? Quels liens pouvait-il entretenir avec elle ? Toute la question était là. J’entendis soudain des pas résonner dans le couloir. Je rangeai précipitamment la boîte à sa place juste avant qu’Arthur n’ouvre la porte du placard. Il s’étonna du temps que j’y avais passé et j’inventai une excuse, puis je revins à table avec lui, le portrait que j’avais vu toujours gravé dans mon esprit.
    Le lendemain :
    — Réveillez-vous, Mademoiselle !
    J’ouvris les yeux et me retrouvai face à mon professeur de mathématiques. Je le regardai et lorsqu’il se retourna, un léger rire m’échappa. Il s’en aperçut et vociféra :
    — Sont-ce les Mathématiques qui vous mettent de si joyeuse humeur ? Non satisfaite de vous être endormie en cours, maintenant vous l’interrompez ! Deux heures de retenue !
    — Mais Monsieur…, protestai-je.
    L’enseignant se tourna une nouvelle fois et je pus observer encore, avec beaucoup moins d’amusement, la multitude de caricatures de lui, collées dans son dos. Le soir, je me rendis chez Arthur et nous parlâmes longuement.
    Durant l’échange, je me souvins de la photo et lui avouai naturellement l’avoir trouvée par hasard. Je lui demandai de qui il s’agissait. À cette question, il me répondit avec une certaine raideur :
     
    — Je ne tiens pas à en discuter.
    Un silence pesant s’installa entre nous et tous mes efforts pour le briser restèrent vains. Arthur paraissait tendu et troublé. Je demeurais contrariée et bien décidée à savoir ce que l’on me cachait, car j’ai toujours été trop curieuse.
    Un peu plus tard, au moment où je laissai tomber mes devoirs de latin, la sonnerie de mon portable retentit. C’était Adrien, mon meilleur ami, qui m’informait que j’avais encore oublié quelque chose chez lui. Je raccrochai et observai la chambre dans laquelle je dormais en me demandant : pourquoi faut-il que je sois si souvent absente, ne pensant pas au monde extérieur ? Je m’endormis en contemplant distraitement la couverture du roman que je m’apprêtais à ouvrir. Elle était composée de trois jeunes filles qui portaient chacune une pierre : il s’agissait de jade, d’opale et d’ambre. Le lendemain en rentrant des cours, je ne me doutais pas que j’allais faire une découverte surprenante.


    * * * * *
    Moscou, 2085
    Moreen et Carla


    — Carla, je crois qu’il est temps pour toi de te coucher, dis-je en souriant.
    — Mais l’histoire n’est pas finie ! proteste-t-elle.
    — Demain, quand tu te réveilleras, je te raconterai la suite, mais pour ça il faut dormir.
    — Mais explique-moi, qui est la fille du portrait ? Comment s’appelle-t-elle ? Et Arthur, pourquoi ne veut-il pas en parler ? Et pourquoi…
    — Tu sauras tout bientôt, promis, lui dis-je d’une voix emplie de tendresse.
    Je l’embrasse et éteins la lumière. Mon mari a déjà succombé au sommeil ; je pénètre à pas feutrés dans la salle de bain pour me changer, au passage j’entrevois mon reflet dans le miroir et m’examine : j’arbore des cheveux noués en chignon contrairement à mon habitude d’antan. Jeune, je haïssais les couettes, les tresses et tout ce qui est semblable,
     
    mais je me suis résignée en vieillissant. Je suis devenue plus sage, plus calme et moins impulsive. J’ai perdu mes taches de rousseur et mon air irréfléchi.
    En m’observant avec plus d’attention, je remarque que la seule chose inchangée en moi est mon regard. Bien sûr, j’ai attrapé des rides et des poches sous les yeux, mais je n’ai pas abandonné mon sourire pour autant. J’ai eu une vie heureuse même si je pense encore souvent à Arthur. Je soupire, me glisse dans les draps glacés de ma chambre et m’endors immédiatement avec une idée fixe : ressortir et relire le livre encore une fois.
    Le lendemain matin, je vais dans la chambre de Carla et je la trouve les yeux grands ouverts. Elle saute de son lit.
    — Bonjour, grand-mère, alors tu me racontes la suite ? Tu avais promis ! s’exclame-t-elle.
    — Ne devrais-tu pas prendre un petit déjeuner avant ?
    Nous descendons dans la cuisine et mangeons tous les trois. Je discute de l’avant-première de mon film projeté la veille avec Adrien qui se réjouit pour moi. Eh oui ! J’ai épousé mon meilleur ami. Mais revenons-en à mon histoire, car Carla, qui a hérité de ma curiosité légendaire, s’impatiente.
    Au fil des jours, je me rapprochais de plus en plus d’Arthur. J’avais essayé à plusieurs reprises de le faire parler de cette adolescente, mais il gardait à chaque fois un silence éloquent et un air distant qui coupait court à tout échange. Pourtant, j’étais décidée. Je savais qu’un jour ou l’autre je trouverais la solution de cette énigme. Ce soir-là, pendant qu’il était allé faire des courses, j’en profitais pour monter dans sa chambre.
    Je n’aurais pas dû fouiller dans ses affaires, c’était plus qu’incorrect, mais j’étais jeune et une force mystérieuse m’y poussait malgré moi. Je me rendis dans le placard à balais, m’emparai du coffre le coeur battant, l’ouvris et me saisis à nouveau de la photographie. Je regardai au dos du portrait de l’inconnue puis je lus à voix haute : « Élément du Feu, an 1389 » rédigé en lettres détachées. À quoi ces mots pouvaient-ils bien faire référence ?
    Décidément, je n’y comprenais plus rien. J’examinais encore l’image et je remarquai que sa définition avait quelque
     
    chose d’inhabituel. En effet, elle était d’une qualité largement supérieure aux photographies que j’étais accoutumée à côtoyer. Je la retournai une nouvelle fois et relevai un détail auquel je n’avais pas prêté attention auparavant. Au dos, dans le coin inférieur était écrit : « À toi pour toujours ».
    À ce moment-là, je perçus des sons à l’étage du dessous. Je remis le portrait à sa place et me précipitai dans les escaliers. Arthur était de retour. Le jour suivant, en rentrant du collège, je tombai nez à nez avec une inconnue dont je reconnus le visage. Mon incrédulité fut si grande que je ne parvins qu’à articuler un vague :
    — Mais, c’est toi !
    La jeune femme me regarda, tout aussi stupéfaite.
    — S’est-on déjà rencontrées ?
    — Je loge chez quelqu’un qui t’est familier, je pense, lui expliquai-je.
    — Il s’agit d’Arthur, n’est-ce pas ? répondit-elle.
    J’acquiesçai. En l’observant, je m’aperçus cependant qu’elle était différente de l’image sur bien des points. En effet, sur le portrait, elle arborait des airs présomptueux et immatures, mais maintenant, elle paraissait sage et calme comme une vieille femme qui a vu passer beaucoup trop d’années. Je remarquai que même si elle était incontestablement l’adolescente de la photographie, elle était clairement plus âgée. Elle devait avoir à présent une trentaine d’années.
    Je n’oublierai jamais ce moment.
    Cette fille dégageait une aura étrange et semblait tout droit sortie d’une autre réalité. Je ne compris pas pourquoi elle affichait un visage si las. J’avais envie de connaître la réponse aux questions qui m’avaient hantée depuis quelques jours, mais malgré mon regard insistant, elle gardait le silence.
    — Je dois partir, déclara-t-elle au bout d’un moment.
    Elle me salua, s’apprêtant à me quitter, quand je la retins.
    — Quel est ton nom ?
    — Tu peux m’appeler... Lucie. Ne dis rien à Arthur sur notre rencontre, c’est inutile. Je te fais confiance, affirma-t-elle avec flegme.
    Et, sans rien ajouter de plus, elle s’en fut. Cependant, en partant, elle avait laissé tomber un objet par mégarde : un livre abîmé par le temps, jauni et en piteux état. Sur la couverture à moitié déchirée étaient dessinées quatre sphères de quatre couleurs différentes : Bleu pour l’Eau, rouge pour le Feu, marron pour la Terre et vert pour l’Air. Les sphères étaient reliées entre elles ainsi qu’à une planète qui se trouvait au centre d’elles. C’était la Terre. Sur un coin de la couverture, il était écrit : Les Quatre Éléments.
    Je ne voulus pas rappeler Lucie pour lui redonner le roman, car j’ignorais d’où me venait cette conviction, mais j’étais sûre qu’il revenait à Arthur. Je l’examinai et par curiosité, je lus quelques passages du manuscrit et je vis très souvent apparaître des noms familiers. Ce ne pouvait être une coïncidence. Il semblait parler de la fille que j’avais rencontrée et d’Arthur bien que cela me parût complètement absurde. Cette étrangère était-elle l’auteure de ce livre ? Puis sans me poser plus de questions, je me précipitai chez mon hôte. En entrant, je lui demandai à bout de souffle :
    — Que sais-tu de cet ouvrage ?
    Il me regarda sans comprendre.
    — Comment ça ? Montre-moi ce bouquin.
    Je lui présentai et il le scruta. Il écarquilla alors les yeux et éloigna le roman de sa vue comme s’il était infecté par une maladie contagieuse.
    — Où as-tu eu ça ?
    J’allais lui répondre quand je me souvins des paroles de Lucie. « Ne dis rien à Arthur sur notre rencontre ».
    — Je l’ai trouvé par terre, expliquai-je en faisant exprès d’omettre l’essentiel. Je pense qu’il t’est adressé.
    Le vieil homme fronça les sourcils :
    — J’ignore comment un tel livre a bien pu exister.
    Je lui tendis le manuscrit avec insistance et répétai avec confiance :
    — Je crois qu’il est important que tu le lises, ce n’est pas pour rien qu’il est entré en ma possession. Il me semble qu’il parle de toi.
    — Mais comment est-ce possible ?
    — La question qu’il faut se poser n’est pas « comment », mais « pourquoi ». Ce roman t’appartient, tu dois le consulter.
    Vaincu, Arthur poussa un soupir et nous commençâmes la lecture des Quatre Éléments.

     

    Disponible en numérique

    et papier


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