Qui de nous deux

La societe tome 1

Angela Behelle

Editions J’ai lu

318 Pages

Résumé :

Un élève aussi farouche que séduisant, une société secrète, un lent apprentissage mené d’une main de maître qui éveille son corps et comble ses désirs les plus inavouables : Mickaëla Valmur est loin d’imaginer ce qui lui réserve cette étrange rentrée scolaire…

Chaque femme vit plusieurs existences à la fois : fille, amie, mère, compagne, enseignante, infirmière, amante… Qu’importe qui elle est vraiment, Angela Behelle est une femme comme toutes les autres, tranquille et sage… en apparence.

L’avis de Manue :

La pause aura été de courte durée, car me voilà encore une fois avec une romance érotique en main, mais pour ma défense celle-ci m’a été offerte. Eh oui, je le reconnais, je suis beaucoup gâtée. Alors, par où commencer ? Je ne résiste pas à l’envie de vous dire que le titre « Qui de nous deux » m’a perturbée dans ma lecture. Pourquoi ? Eh bien parce que j’avais les paroles agaçantes de la chanson pareillement intitulée de M. Non, vous l’aurez compris, je ne suis pas une fan du chanteur, mais bon passons outre ce petit détail qui n’a pas vraiment son importance.

Cela faisait un moment que je connaissais effectivement le fameux « Qui de nous deux » de Angela Behelle parce que j’avais déjà repéré le titre numérique des éditions la Bourdonnaye, mais j’avoue avoir fait ma frileuse après avoir lu quelques critiques pas vraiment glorieuses. Voilà pourquoi maintenant, j’évite de lire les critiques avant d’acheter un roman. C’est jamais agréable d’être conditionnée dans sa lecture. J’étais partagée et voilà qui a mis fin à mes tergiversations. Maintenant, on peut dire que je me suis fait mon propre avis.

« Qui de nous deux » débute sur une rentrée scolaire, eh oui, thème du professorat oblige. Mais cette rentrée est loin d’être de tout repos pour Mickaëla Valmur, prof de philo. Mickaëla est une jeune femme de 27 ans qui vient de perdre son défunt et fortuné mari plus âgé qu’elle, décédé d’un cancer. Voilà qu’elle se retrouve maintenant affublée de la lourde mission d’accueillir un nouvel élève dans sa classe et pas n’importe lequel : Alexis Duivel. Ce dont elle ne se doute pas, c’est que la mission de tutrice qui va lui être confiée par le proviseur va prendre une tournure inattendue et s’aventurer plus loin que la décence l’exige. Mais Mickaëla tout comme Alexis, est encore loin de se douter de la véritable raison qui les a réunis. Dans le feu de la passion, ils vont apprendre que la domination est un art qui va les révéler à eux-mêmes.

Tout d’abord, j’avais trouvé le thème d’une relation prof/élève plutôt osée. Voilà un interdit clairement identifié dans notre société. Qui n’a jamais regardé avec des yeux énamourés son beau prof de philo ? Allez, avouez-le ! Bon, j’avoue, je craquais sur le mien en terminal. Au moins, ma volonté de l’impressionner m’a procuré de très bonnes notes pour le coup à défaut d’autre chose, c’est déjà ça, mais bon j’avoue que la plupart du temps les profs de philo sont vieux, grisonnants et bedonnants. Bref, je suis un cas à part, j’ai eu de la chance. Mais je m’éloigne du sujet, on n’est pas là pour discuter de mes amourettes inavouées. Nostalgie quand tu nous tiens ^^Alors, comment il est ce roman au final ? Parce qu’on se doute bien qu’il ne suffit pas de recourir à un tabou de la société pour s’élever dans mon classement jalousement gardé de mes romances érotiques préférées.

Pour tout vous dire, j’ai eu du mal au début. J’ai trouvé l’histoire pas très crédible. Micky ne met pas longtemps à se laisser séduire par son élève ce qui paraît un peu gros surtout quand on sait les risques qu’une telle relation peut faire encourir à un prof, et du mot détournement de mineur qui clignote dans l’esprit de tout un chacun. Mais j’ai tout de même réussi à dépasser cette mauvaise impression pour me plonger un peu plus dans ma lecture. Je n’ai pas résisté au charme indéniable d’Alexis qui n’a rien d’un puceau boutonneux. Il y a un jeu de domination très psychologique qui s'établit entre Alexis et Micky. Alexis inverse les rôles et après les cours devient en quelque sorte le professeur particulier d’éducation sexuelle de Micky. Il l’initie au désir et éveille son corps plus loin que son esprit ne l’aurait pensé. Je dois dire que ce petit jeu psychologique ainsi que le nom de Valmur très proche de celui de « Valmont »  m’a beaucoup fait penser aux « Liaisons dangereuses ». Je ne sais pas si c’était voulu ou non par l’auteur, s’il y avait dans cette histoire un fond d’inspiration de ce chef-d’œuvre de la littérature française. C’est un peu un jeu dangereux auquel se livrent Alexis et Micky. Alexis parait beaucoup plus mûr que son âge et finalement je n’ai pas été déçue contrairement à d’autres par la pirouette que l’auteur a faite concernant son âge. Même si certes ça entame encore une fois la crédibilité de l’histoire, quelque part, ça m’a permis de mieux apprécier ma lecture. Et ça reste une fiction. Si tout devait cadrer avec la réalité, ce serait pénible, non ? Pour moi, en tout cas, cette révélation a réduit d’un coup la distance qui pouvait exister encore entre les personnages. Alexis va contrôler les moindres faits et gestes de Micky. Il va aller jusqu’à lui dévoiler ses petits secrets dont la société secrète dont il est membre.

J’avoue que l’histoire ne m’a pas vraiment touchée. Les scènes érotiques ne m’ont pas fait vibrer non plus. Parfois même j’ai été dérangée. J’ai trouvé que ça allait trop loin, que c’était trop dégradant pour moi. Attention, je ne parle d’une scène que certains lecteurs dans leurs chroniques ont qualifiée de viol, qui pour moi n’en est pas une, je parlerais juste d’un mauvais choix de l’héroïne, mais d’autres comme la scène où Alexis met un tube dans le derrière de Micky (enfin, je ne vais pas vous faire un dessin), on touche quand même à la scatophilie de mon point de vue ou encore à la fin du livre quand il la baise (désolé, je ne vois pas d’autre mot) sur la tombe de son défunt mari. J’avoue, je ne me suis pas vraiment intéressée à certaines scènes BDSM. Elles m’ont mise mal à l’aise, c’est un peu ce que je reprochais au roman « Une proposition » de AJ Molloy dans une précédente chronique.

Leurs sentiments arrivent comme un cheveu sur la soupe même si on s’en doute. Après l’étonnante révélation sur l’âge d’Alexis, je me doutais de la suite des évènements, c’était prévisible et quelque part la surprise tant attendue a fait un peu un flop. Pourtant, bizarrement, même si le livre n’est pas un coup de cœur et m’a dérangé, je l’ai aimé. Je ne serais pas dire pourquoi, mais quelque chose dans ce jeu psychologique m’a intriguée. Je suis une grande fan de « Liaisons dangereuses » et toutes les autres déclinaisons depuis l’heure qui ont vu le jour tel que « Sexe intentions ». Je ne sais pas entre les personnages, il y a une sorte de fascination qui les pousse autant à se faire souffrir qu’à s’aimer sans forcément se l’avouer. Une sorte d’amour vache et on se demande à chaque page quelle tournure ça va prendre. Parce que la frontière est mince entre destruction et amour passionnel. Est-ce qu’il l’aime vraiment ? Est-ce qu’il ne fait pas que jouer ? Au final est-ce que c’est elle qui va jouer avec lui ? Voilà, on est en perpétuel questionnement et c’est toutes ces questions qui nous tiennent en haleine et nous font passer aisément sur des scènes parfois redondantes ou choquantes. Il n’y a pas de juste milieu, tout reste possible tant qu’on ignore les véritables intentions d’Alexis et qu’il garde le mystère.

Le seul point que je reprocherais au roman, c’est qu’une fois qu’Alexis se livre à Micky dès lors la fin est déjà annoncée.

En somme, une romance érotique à ne pas mettre entre n’importe quelle main. Si vous n’aimez pas les histoires de domination psychologique, de jeu avouons-le parfois pervers tel que « Liaisons dangereuses », alors ce roman n’est pas fait pour vous, passez votre chemin. Sinon, si rien ne vous effraie, que vous êtes une tête brûlée voire scato (pourquoi pas ? ça existe !) alors foncez !