• Quelqu'un comme toi - Sarah Dessen

     

    Quelqu’un comme toi

     

    Sarah Dessen

    Éditions Pocket Jeunesse

    322 Pages

     

     

     

     

    Résumé :

    Scarlett et Halley sont amies pour la vie. Du haut de leurs seize ans, l'avenir est plein de promesses. Mais, cet été-là, Michael, le premier grand amour de Scarlett, se tue dans un accident de moto. La jeune fille découvre peu après qu'elle est enceinte de lui.

    Cette fois, c'est Halley la timide qui va devoir soutenir Scarlett l'intrépide. Sauf que Halley tombe amoureuse à son tour, et tout se complique...

     

     

    L’avis de Manue :

     

    Autant rentrer tout de suite dans le vif du sujet, « Quelqu’un comme toi », c’est un roman tout en nuance qui nous plonge en plein dans les tourments adolescents. C’est un roman à la fois perturbant et très psychologique sur le ressenti des émois adolescents, un peu considéré comme l’âge d’or parce qu’il est l’étape indispensable de la disparition du moi « enfant » vers la transition du moi « adulte ». Vous vous dîtes certainement : « tout ça, c’est très gentil tes trucs de psy à deux francs cinquante du « moi », mais ça tout le monde le sait déjà !  Bah oui ! T’as jamais lu Psychologie Magazine Manue ? » Si, une fois dans la salle d’attente du médecin, mais là on est bien loin de la psychologie business, on voyage littéralement en plein boum de l’adolescence, on y est bien ancré. Sarah Dessen traite le sujet avec beaucoup de recul et de justesse. On plonge dans l’esprit d’Halley et on ne doute pas une seconde qu’on partage les pensées d’une adolescente de seize ans avec ses faiblesses comme ses moments de maturité, parce que, qu'on se le dise : les filles à cet âge ont toujours une petite avance sur leurs congénères masculins. Alors, vous me direz : « tout ça, ok c’est super, mais en même temps, c’est le but d’un roman jeunesse qui porte sur les adolescents, non ? ».

    Oui, c’est le but, mais rares sont les romans qui sont traités sous un angle aussi intéressant parce que je dois avouer qu’à travers Scarlett et Halley, on a parfois l’impression de se revoir au même âge, de ressentir à nouveau les mêmes doutes, les mêmes craintes, les mêmes espoirs qu’à l’aube de nos seize ans. Il y a rien de nouveau, rien d’inédit, mais tellement de vérité, tout ça abordé avec un ton qui nous tient en haleine. Pas d’histoire rocambolesque, on évolue simplement de page en page avec nos héroïnes, on grandit même avec elle. On tire des leçons de leur aventure, on se remémore nos propres années de jeunesse (pas si éloignées que ça pour moi :p).

    L’histoire commence avec la mort de Michael Sherwood. Michael, c’est le récent petit-ami de Scarlett. Scarlett, elle, c’est la meilleure amie de Halley depuis leur plus jeune âge. Depuis que Scarlett a emménagé avec sa mère Marion en face de chez elle lorsqu’elles étaient gamines, Halley et elles sont liées comme les cinq doigts de la main. Il faut dire qu’au départ Halley était plutôt du genre timide, douce gentille et obéissante. Elle était du genre à fuir les « nainemies » à vélo Barbie qui rôdait dans le quartier et la regardait de travers. Scarlett, quant à elle, est du genre extraverti. À leur manière, les deux jeunes femmes se complètent, s’apportent chacune un équilibre. Halley est entourée d’une mère psy et d’un père qui fait le show à la radio, mais qui l’aiment et la soutiennent depuis son plus jeune âge, alors que Scarlett vit seule avec sa mère, Marion, tomber enceinte à l’adolescence et qui est loin d’avoir les pieds sur terre et de donner l’exemple à sa fille. Halley jalouse la liberté dont Scarlett semble jouir du fait du laxisme évident de sa mère, et cette dernière envie la stabilité familiale dans laquelle la première évolue. Elles sont en quelque sorte la béquille l’une de l’autre. Bon, il faut avouer que c’est surtout Hayley qui a pour habitude de se reposer sur Scarlett.

    Alors, lorsque Michael meurt, inévitablement Halley accourt pour soutenir sa meilleure amie. Les rôles s’en trouvent inversés et toutes leurs certitudes s’en trouvent chamboulées. La perte est brutale et les jeunes filles sont encore sous le choc. Finalement, cette disparition va entraîner beaucoup de changement pour les deux jeunes femmes. Une véritable onde de choc qui va tout bousculer sur son passage. Pour Halley, c’est un véritable tournant et au fil des pages, on assiste à une vraie crise d’adolescence. Étouffée par sa mère qui ne peut s’empêcher de lui dicter ses moindres faits et gestes, Halley cherche à s’affranchir de son autorité. Au bout du compte, Tristan Faulkner, le garçon mignon qui tape dans l’œil de pas mal de filles au lycée et qui semble mystérieusement s’intéresser à elle sera le premier fait générateur de sa rébellion. Depuis la mort de Michael, ce garçon qui ne lui adressait auparavant pas plus de neuf mots par an, se rapproche et parvient à faire battre pour la première fois son petit cœur tout mou, est-ce pour autant ce qu’on appelle de l’amour ? Mystère et boule de gomme ! C’est certainement encore trop tôt pour le dire, mais une chose est sûre, Halley est troublée, et aussi excitée par l’intérêt soudain qu’il lui porte. Alors au fil des jours, elle finit par guetter le moindre de ses apparitions et surtout à attendre avec une impatience non dissimulée leur cours de gym en commun, car elle sait qu’il sera le moment où il s’approchera à nouveau d’elle. Avec lui, elle est prête à faire les quatre cents coups, à sécher les cours, à s’évader le temps d’une journée, à vivre des heures heureuses, à se suspendre au-dessus du vide…Scarlett en parallèle, découvre qu’elle est enceinte de Michael. Là, ce n’est plus une simple onde de choc, mais un cataclysme.

    La nouvelle tombe comme un couperet. Pourtant, l’adolescente est déterminée à garder son bébé malgré les difficultés qui se présentent à elle. Bien sûr, Halley répond présente pour l’épauler. Avoir un enfant n’est pas une mince affaire surtout lorsqu’on est mère adolescente et de surcroit célibataire. Marion la tanne pour avorter, mais Scarlett tient bon. Halley ne la laissera jamais tomber. C’est à deux qu’elles traverseront cette épreuve, main dans la main. Elles se soutiendront mutuellement quoiqu’il arrive. Scarlett ne manque pas non plus de venir au secours de Halley lorsqu’il le faut, de la raisonner et de l’écouter. Tristan Faulkner est un sacré numéro. Surtout que la mère d’Halley ne voit pas sa relation avec ce dernier d’un très bon œil et inévitablement les choses se compliquent.

    « Quelqu’un comme toi », c’est le reflet même de l’adolescence. Ça parle de l’amitié, de la famille, de ce moment où l'on connaît nos premiers amours, nos premières peines, la volonté de s’émanciper de l’autorité parentale pour s’imposer en tant que personne, où l’on aborde pour la première fois la question de la sexualité, où l’on teste nos limites,  les repousse, se remet en question… L’adolescence, c’est surtout le moment de se découvrir soi-même, de savoir enfin qui l’on est et surtout qu’elle adulte on veut être, qu’elle place on veut avoir dans la société…Alors, forcément le temps de découvrir tout ça, on fait des erreurs, on se blesse et on se relève. Mais ce roman nous apprend qu’à travers l’amour de nos proches, leur soutien, on finit toujours par prendre les bonnes décisions et par se relever.

    Hayley et Scarlett en font le dur apprentissage. Scarlett poursuit sa grossesse affublée de ses craintes et ses angoisses de jeune maman, ainsi que par les questions financières, matérielles, émotionnelles qui s’imposent. Halley, elle, se heurte à sa mère et leur relation auparavant mère-enfant au beau fixe prend une tournure inattendue. Un dialogue de sourds les guette, mais peu à peu, Halley va finir par douter de sa relation avec Tristan. Parce qu’après tout, ce qui l’a attiré au départ chez ce garçon, c’était surtout son assurance et son air je-m’en-foutiste sans compter que c’était la première fois qu’un garçon semblait autant s’intéresser à elle, que Michael s’était épris de Scarlett, ce qui était plutôt flatteur au départ. Rien ne lui avait échappé, elle avait suivi les prémices de leur relation alors que les deux jeunes adolescentes bossaient toutes deux en tant que caissière chez « Milton », un supermarché local où Michael travaillait lui au rayon fruits et légumes et ne perdait jamais l’occasion à l’heure du déjeuner de passer à la caisse de Scarlett. Finalement, c’était maintenant son tour de vivre ce qu’avez vécue sa meilleure amie. Mais voilà, Scarlett, enceinte, prend conscience qu’elle avait peut-être précipité les choses. Même si elle avoue avoir commis une erreur en couchant avec Michael au bout de quinze jours seulement de relation sans savoir vraiment où irait celle-ci, son parcourt n’est pas s’en faire douter Halley qui réalise que toutes deux sont à un moment charnière de leur existence, où leurs choix peuvent avoir des conséquences irrémédiables sur leurs vies, les bouleverser sans possibilité de retour en arrière…

    Alors qu’elle pense être prête à sauter le pas avec Tristan, les choses se compliquent et les doutes s’immiscent…

    En résumé, « Quelqu’un comme toi », c’est un roman qui marque le cap sur l’adolescence, surtout sur l’étape de cette période de notre vie qui nous pousse à faire des choix et à les assumer. C’est aussi un roman qui met l’accent sur les relations parent-enfant et sur l’importance du dialogue, de l’écoute au sein de la cellule familiale, tout comme de l’amitié…

    Ce sont deux héroïnes que tout le monde pourra comprendre, car on est tous un jour passé par là où elles sont passées. Après tout, Scarlett c’est peut-être vous ou bien encore cette ancienne camarade de classe qui est tombée enceinte. Tristan, c’est le beau gosse de l’école que vous lorgniez du coin de l’œil, que vous saviez évidemment mauvais garçon, mais que vous ne cessiez d’admirer. S’il vous adressait un mot au détour d’un couloir, il vous faisait rougir comme une tomate à tel point que vous en faisiez un roman le temps d’arriver à vous en remettre. La mère de Halley, vous rappelle les éternelles disputes avec vos parents alors qu’il fallait vous battre pour parvenir à avoir la permission de sortir. Ce roman, c’est par petite touche tout un tas de moments, d’émotions et de situations qui nous ramènent à nos années d’insouciance. Le temps de quelques pages, j’ai apprécié me perdre dans les pensées et les souvenirs de Halley.

    Ce n’est pas un roman triste, bien au contraire, c’est un roman sur la vie, sur les épreuves, les joies et les déceptions qui nous construisent, c’est un petit bout de nostalgie sur ce qu’était notre adolescence. Scarlett et Halley sont deux jeunes filles qui sans en mesurer encore l’importance, en l’espace d’une année vont vivre les instants les plus marquants de leur vie, parce qu’après ça, il est certain que plus rien ne sera jamais plus pareil. Inévitablement, elles vont perdre de leur insouciance et gagner en maturité. Dans un laps de temps aussi court, cela ne fera que renforcer leur amitié sans faille.

    « Quelqu’un comme toi » est un roman à ne pas rater si vous avez la nostalgie de vos années lycée parce que croyez-moi, vous y retrouvez forcément beaucoup de choses que vous avez connues. Pour autant, certes j’ai aimé, j’ai été happée par l’histoire jusqu’au bout même si ce n’est pas pour autant un coup de cœur. Parfois, j’ai trouvé que ça manquait de rythme alors qu’à d’autres moments, les choses s’accéléraient voire même nous laissait sur notre faim. Toutes mes attentes n’ont pas été comblées, mais parler d’un sujet aussi vaste n’est pas chose aisée. C’est sûrement dû au fait que j’ai été un peu déçue par la fin que j’ai trouvé assez expéditive. J’aurais aimé que les aventures de Halley et Scarlett durent quelques pages supplémentaires, mais d’une manière générale, j’ai passé un bon moment de lecture. À maintes reprises, je me suis surprise à repenser moi-même à des souvenirs de cette période de ma vie qui m’ont fait sourire, et qui je l’espère, le feront toujours si j’ai la chance d’atteindre enfin un jour l’âge de la sagesse !

    Sur ce, je vous laisse et vous souhaite un excellent week-end ! À vos romans les manias ;)

    Enjoy ^^

    Xoxo,

    Manue.

     


  • Commentaires

    2
    Dimanche 23 Février 2014 à 19:05

    *Manue* Sur le papier effectivement ça reste dans un univers très "ado" en phase de construction je dirais, c'est sûre que parfois on ne comprend pas toujours les réactions enfantines, mais mon adolescence n'est pas si éloignée, je me rappelle bien de cette période mais ce que je trouvais ici intéressant c'était la maturité qui petit à petit gagne les personnages, le droit de faire des erreurs, dans tirer les leçons... Il est certain qu'en grandissant on ne voit plus les choses pareilles, moi j'avais des tas d'idée préconçues, j'étais du genre à affirmer détenir toutes mes vérités universelles, je voulais toujours avoir raison qu'est ce que j'étais chiante... J'aimais bien ma moquer de mes parents avoir leur beau discours, leur petite côté réac et maintenant je les rejoins sur beaucoup de chose, ça fait toujours ça quand on commence à rentrer dans la vraie "vie", le boulot, le quotidien, quand on veut commencer à s'assumer financièrement on comprend qu'on était un peu à côté de la plaque quand on était jeune, insouciant et la tête un peu dans les étoiles, c'est pas toujours marrant de garder les pieds sur terre c'est pour ça que je lis :p Bref, j'aime bien les romans adolescents, parfois ils ont le défaut d'être un peu trop bourrés de bons sentiments mais c'est une manière de revenir à la belle époque, celle où ne se souciait de rien : avenir, argent, boulot...

    1
    Langlet Ophélie
    Dimanche 23 Février 2014 à 09:10

    Coucou!! Merci pour ta chronique!

    ... après lecture, ais-je vraiment envie de le lire?! .... aaaaah si j'ai un doute ce n'est certainement pas à cause d'un avis négatif de ta part, mais plutôt parce que je me demande si j'ai vraiment envie de retourner en arrière!!

    Burk mon adolescence!! ... .. rien que dans ta chronique j'arrivais à visualiser tout les personnages de mon passé lol ...

    Hummm ... serait il interessant à lire pour une adolescente par contre? une adolescente aurait elle assez de recul pour voir entre les lignes, les significations du "danger" ?

    Non jme dis, si je peux l'avoir dans ma bibliothéque dans 10 ans lol ma fille pourrait l'avoir entre les mains, et peut être réfléchir à la propre construction de son moi :p

    Nan?? ça marche? pfff l'adolescence!! ... brrrr

    j'ai l'impression que l'auteure à réussit quelque chose de fou en tant qu'adulte! ...

    Finalement en tant qu'adulte, cela peut être très interessant de retourner en arrière pour les comprendre, eux, ceux que "nous" ne sommes plus!...

    Arf dire que maintenant je suis, celle que je voyais si éloignée de moi .... à 15 ans, ceux que je trouvais déjà vieux à 25/30 ans ! ... mouais! ...

     

    Bref ... Merci ... ça m'interesse quand même!! (faut vraiment que j'aille à la biblio)

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :