• Le geste des exilés - Tome 1 : Pacte Obscur - Bettina Nordet

     

    Le geste des exilés

     

    Bettina Nordet

    Tome 1 : Pacte Obscur

    Éditions Le Chat Noir

    417 Pages

     

     

     

       

     

    Résumé :

     

    Je suis flic, et à part une petite bizarrerie et un sérieux manque de sex-appeal dont je me passerais bien, ma vie est plutôt sympa. Mais un soir, tout vole en éclat. Traquée par des types bizarres, je me retrouve baby-sittée par mon nouveau boss, un type beau à tomber aux instincts meurtriers peu rassurants, qui semble éprouver à mon égard une allergie aussi violente qu’inexplicable. Alors, telle Alice, je plonge dans le terrier du lapin blanc ; sauf que, dans mon cas, la curiosité n’y est pour rien : mon imbuvable garde du corps m’y a poussée. Bien décidée à retrouver ma vie et les miens, je rue dans les brancards, mais les échos d’une prophétie plus vieille que le monde pourraient bien finir par me rattraper et m’en empêcher. Je vais tout faire pour me sortir de ce guêpier, même si, je dois bien l’admettre, il y a quelques compensations : des beaux mecs comme s’il en pleuvait. Et dire que je me plaignais que mon carnet de bal était vide…

    Pièce maîtresse d’une lutte de pouvoir immémoriale, entraînée au cœur d’un tourbillon de violence et de sang, Jana découvre peu à peu que tout ce qu’elle croyait savoir n’est qu’un leurre, et que la frontière entre les bons et les méchants n’est peut-être pas aussi tranchée que ce qu’en disent les traditions millénaires.

     

     

    L’avis de Manue :

     

    Voilà un roman dont j’ai fait l’acquisition lors du Salon du livre Fantasy en Beaujolais, ceux qui ont suivi scrupuleusement la page Facebook de Lecture Mania le savent probablement déjà… J’ai d’abord craqué pour la couverture absolument splendide. J’ai beaucoup, beaucoup de choses à dire sur ce roman donc autant entrer directement dans le vif du sujet.

    « Le geste des exilés » est un roman qui a suscité énormément de réactions et d’interrogations de ma part ponctuées par des levées et des froncements de sourcils intempestifs. Au départ, je dois dire que le roman débutait bien. J’étais prise dans ma lecture, c’était addictif et puis j’ai fini par déchanter. Les trop nombreux défauts que j’ai soulevés ont fini par casser totalement mon enthousiasme du début et par rendre ma lecture difficile. Pourtant, j’étais certaine dès les premières pages que ce serait un coup de cœur, et puis, bang, l’enthousiasme du début est retombé comme un soufflet ! 

    J’ai trouvé que les premiers chapitres étaient intrigants, addictifs, bien construits, avec un cadre bien défini quoique une héroïne flic un peu fofolle qui sort de la « norme » (j’entends norme au sens où on ne voit pas souvent des flics porter des mini jupes pour se rendre au boulot), mais passons, dans un sens, pourquoi pas ? Ça apporte un peu de piquant. Donc, j’étais fermement accrochée au roman, surtout que le roman débute sur une scène où notre héroïne, Jana, enfant est kidnappée dans un supermarché par un pédophile, puis sauvée in extremis par un sombre inconnu dont elle n’a qu’un vague souvenir. Ce qui nous laisse penser que ce sera un élément essentiel de l’histoire ! Ô, mais que nenni ! (vous comprendrez pourquoi plus tard dans ma chronique). Ensuite, nous voilà dans le présent en compagnie de notre héroïne. Jana est désormais flic à Marseille, peu sûre d’elle, elle compense son manque d’assurance par un goût vestimentaire provoquant. S’ensuit l’arrivée de son nouveau beau gosse de patron, qui l’attire mystérieusement, le dénommé Kell de Monio qui ne semble pas vraiment porter notre héroïne dans son cœur. Il la met immédiatement en garde et l’interdit de défier son autorité. Bref, le brun mystérieux énigmatique dans toute sa splendeur, attirant au possible avec un soupçon de Bad boy et qui plus est doté d’une moto, alors forcément, la fille que je suis (oui, je sais je suis faible d’esprit :p) ne peut pas résister. Oui, mais attention quand même, un beau gosse, ça ne fait pas tout un roman…

    Et puis, après sa rencontre avec Kell, Jana se fait attaquer par des gars à griffes pas vraiment gentils, gentils. À partir de là, tout dégénère autant l’histoire que le roman en lui-même. Kell débarque in extremis pour la sauver et semble en savoir bien plus sur elle que Jana ne le pense ainsi que sur la nature des hommes qui l’ont attaquée et le but qu’ils poursuivent. Mais motus et bouche cousue parce que le Kell bien sûr ne peut rien dire ! Bah, oui, sinon ce serait trop simple pardi, y’aurais plus de suspens !

    L’attaque dont Jana est victime marque un tournant fatal dans l’histoire. En effet, on passe de la partie assez « contemporaine » du roman à la partie fantastique. Sortez l’aspirine, rien ne va plus ! L’histoire au départ bien construire part dans tous les sens. L’univers fantastique s’il semble intéressant avec des références bibliques, mythologiques ou historiques bien vues, il n’en reste pas moins que cela paraît peu maîtrisé. L’organisation de cet univers semble bien flou (j’ai eu la sensation que l’auteure en était restée au stade de l’ébauche), ça manque de base solide, de forme, j’ai eu comme la sensation que l’univers n’était pas assez travaillé, pensé, fouillé, développé et qu’il s’était construit au fil de l’eau, au fur et à mesure de l’écriture. On détecte quelques incohérences, des incompréhensions… Bref, c’est un peu fouillis tout ça. Ça manque de clarté. D’autant qu’il y a beaucoup de rebondissements alors du coup on s’y perd d’autant plus facilement entre tous les changements qui interviennent, et la découverte de ce monde. On nage en eau trouble. Le roman manque de détail, d’explication, de logique même parfois.

    Dans un roman, les trois points essentiels à mon sens sont : les personnages, l’histoire et la construction. Si l’on néglige un de ces aspects, on peut avoir une super histoire  à la base qui fait un flop. C’est ce que j’appelle le : Qui ? – Quoi ? – Comment ? Et c’est là que le roman pêche. Parce que, on a bien le Qui et le Quoi, mais le Comment  (entendez par là la construction) est bancal.

    Au final, on ne parvient pas vraiment à y croire à cette histoire, à ce monde fantastique. C’est dommage parce que pourtant l’idée était là, mais pas suffisamment exploitée malheureusement. D’autant qu’en plus il est difficile de s’attacher à l’héroïne. Dès qu’on se trouve dans une impasse, paf, comme par hasard, on a une solution miracle. Je veux bien qu’on soit dans un univers fantastique, mais bon le « elle ne peut pas faire ça » puis « si elle peut le faire, mais parce que finalement il se trouve que pour x raisons patati patata », ça peut passer une fois à la limite, mais répété, ça devient difficile à croire.

    D’autre part (parce que j’ai pas fini), on a une héroïne dotée de beaucoup d’humour, mais qui en fait trop. Elle est censée avoir 28 ans et moi j’avais l’impression qu’elle avait 15 ans d’âge mental, des réactions parfois puériles. C’est assez déroutant. Et surtout, j’ai détesté toutes les cinq pages ces trop nombreuses références aux héros de comics, de séries télé et autres, on se retrouve avec d’innombrables « comme Batman » « comme dans Dallas »…etc. Parce que les « comme machin-chose trucmuche », c’est vrai ça peut être marrant une fois, deux fois, ça peut apporter une touche humoristique, mais répétés à outrance ça devient vraiment agaçant. Et puis, on a aussi les remarques du genre « si on était dans un film ça se passerait comme ci, comme ça, mais on n’est pas dans un film… ». Ok, certes, je le concède, on n’est pas dans un film, mais on est dans un roman d’Urban Fantasy, non ? Alors c’est normal qu’on sorte un peu de l’ordinaire. Bah, oui, sinon le lecteur aurait acheté un roman contemporain ! Moi, je me suis dit que l’auteure cherchait à crédibiliser son histoire avec ce genre de remarque, à se démarquer des clichés, mais ça n’a pour seul effet que de dérouter davantage le lecteur, parce qu’une flic douée en arts martiaux qui n’essaie même pas de se délivrer de ses menottes parce qu’elle est certaine de ne pas y arriver de toute façon… J’avais envie de la gifler la Jana. Mais malheureusement, ça ne s’arrête pas là ! Non, parce que Jana nous déballe toutes ses pensées dans les moindres détails et l'on se retrouve parfois en prise avec de longs monologues intérieurs qui rallongent la lecture, l’alourdissent, un amoncellement de paragraphes inutiles. J’adore pourtant les romans écrits à la première personne, mais là, parfois, je l’avoue, j’ai grogné à la lecture de ses nombreuses remarques futiles et de ses plaintes. On a des remarques que Jana se fait et qui reviennent en boucle, qu’on retrouve à plusieurs reprises et qui nous donnent plus l’impression de perdre notre temps qu’autre chose. Dommage qu’on perde du temps avec ça au lieu d’approfondir l’univers fantastique, d’en apprendre bien plus sur ce monde qu’un nom et un schéma hiérarchique (pas très clair d’ailleurs) des créatures qui le peuplent. Un peu maigre pour moi. Jana est toujours en train de baver devant les beaux mecs, ça aussi, c’est pénible à la longue. Elle a un comportement de midinette. Chaque fois qu’un personnage masculin fait son entrée, on a le droit à ses jubilations. De plus, je ne sais pourquoi l’auteur nous décrit sans arrêt les vêtements que porte Jana, mais quelle importance ça a de savoir si elle porte une jupe ou un pantalon ?

    Autre point qui m’a chagrinée : le fait que les chapitres commencent sur la page de gauche. Ce n’est pas une catastrophe en soi, mais ce n’est pas très agréable pour la lecture.

    Vous commencez à vous dire que ça fait beaucoup de points négatifs ? Oui, certes, je dis ce que je ressens, ce qui m’a gênée et c’est pourquoi je suis passée du sentiment de coup de cœur à « je n’ai pas aimé » en l’espace d’une centaine de pages seulement. Et croyez-moi, j’en étais la plus frustrée et la plus déçue. J’aurais tellement voulu être totalement comblée jusqu’à la fin. En parlant de la fin, vous vous souvenez du début du roman (j’en parle plus haut dans l’avis, remontez sinon ^^), eh bien, je vous disais que dès le départ on est en droit de penser que ce début qui se passe quand Jana était enfant devait être un élément essentiel de l’histoire ?

    Eh bien déception quand tu nous tiens, tu ne lâches rien !

    Il n’est jamais fait référence à cette histoire dans le roman (à part qu’on sait que l’héroïne dès qu’elle croise un pédophile semble mystérieusement les rendre morts de trouille au point qu’ils avouent tout sans qu’elle ait besoin de parler). Jusqu’à la toute fin, je me disais qu’il y avait un truc, n’importe quoi. On se doute bien de l’identité de l’homme mystérieux, mais on referme le roman sans réponse. Ce n’est pas dit textuellement. Les personnages principaux n’en discutent jamais. Alors, dans ce cas à quoi bon commencer le roman par cette scène ? Quel est son intérêt ? Je ne le vois pas. Peut-être me direz-vous que cela fera l’objet d’une précision dans le tome 2, mais ne vaut-il pas mieux dans ce cas évoquer cette scène au cours du roman, au moment précisément où l’on apprend qui est vraiment Kell ? Parce que forcément moi en tant que lectrice, je lis dès le début une scène qui se passe des années auparavant, je me dis qu’elle a de l’importance, qu’il y aura une révélation, qu’elle va permettre de dénouer l’histoire à un moment donné, de lever un mystère !

    En conclusion, un roman qui avait dès le départ un fort potentiel, mais qui très vite a perdu de son attractivité. Une histoire perfectible qui au fil des pages révèle un manque d’organisation, d’approfondissement, une construction narrative brouillonne malgré une écriture pourtant agréable. Une héroïne trop enfantine qui agace à certains moments. Un roman Urban Fantasy avec un univers original, mais qui au final s’avère beaucoup trop simpliste. D’accord, ce n’est qu’un premier tome, mais justement on devrait déjà être totalement immergés dedans et pour moi ce n’était pas le cas. Je me pose encore trop de questions. J’ai parfois relu plusieurs fois des passages pour tenter en vain de comprendre. Pour tout dire, ça ne fait qu’une semaine que j’ai lu ce roman et j’ai déjà des choses dont je ne me souviens plus. Ce qui pour moi est assez représentatif d’un roman qui n’a pas réussi à marquer suffisamment mon esprit pour que je l’apprécie.

    Je pense qu’il n’y a pas de demi-mesure : soit on adore, soit on déteste. À vous de juger et de vous faire un avis.

    Xoxo,

    Bonne soirée les Manias,

    Manue.

     


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